L'évangélisation en monde populaire : l'apport du CDMO
Les évêques d'Ile de France mènent actuellement une enquête sur l'évangélisation et la mission en monde populaire, invitant les paroisses, les missions ouvrières locales, d'autres mouvements à témoigner soit à partir d'une "grille" de questions sur des aspects "collectifs" (A), soit de façon plus ouverte mais alors plus basée sur des expériences/témoignages plus individuels (B).
Le Conseil diocésain de la Mission ouvrière de Paris Ville (CDMO), P. Hubert Cauchois, Michel Guillaumin et Elyane Levrard, a choisi de donner son apport à partir du questionnaire B, soit :
- Quelles soifs percevez-vous autour de vous ?
- Qu’est-ce qui vous aide le plus pour avancer sur le chemin de l’Evangile ?
- Qu’est-ce qui vous gêne le plus pour le partager à d’autres ?
Voici sa réponse à la 1ère question : Quelles soifs percevez-vous autour de vous ?
Une soif de vivre sa foi à travers une aspiration à être Femmes et Hommes respectés, reconnus, dotés d’une dignité humaine qui est allègrement bafouée dans la vie économique et sociale. D’où le désir de se retrouver dans les rares lieux de respect et de vérité de la personne humaine.
Monseigneur Vingt-Trois : « A travers ces témoignages de situations humaines diverses il y a ici – dans la Mission Ouvrière - des gens en relation les uns avec les autres. Mais ce qui me frappe, plus généralement, c’est que les gens sont complètement seuls. L’un des problèmes lié à l’anonymat de la ville, c’est comment sommes-nous attentifs à déceler ces situations ? Comment les repérer et entrer en relation interpersonnelle avec eux alors que les circuits de vie sociale sont détruits ? Dans les situations de travail non stable, il n’y a pas de liens possibles. Comment découvrir des liens de socialisation ? »
Ainsi dans un monde (lieux de travail, de non-travail, de loisirs, de quartiers…) où les opportunités d’accueil et de reconnaissance en vérité de l’individu se sont singulièrement rétrécies, les missions ouvrières locales (Missols) constituent des lieux de socialisation ou de resocialisation.
Luigi Bernardo : « Il est important d’être avec les personnes. Il est très dur de vivre le chômage. On se sent inutile et à la charge de la société. Tout est fait pour humilier. Notre présence de chrétien est appréciée. Comme croyants nous rendons l’Eglise plus près des gens. Les Missions Ouvrières locales sont des lieux où l’on peut dire ce qu'on vit, ce sont des lieux de parole. Ce sont aussi des lieux d'espérance, parce qu'on se soutient, on sort de la solitude, de la chape de plomb qui écrase. Je crois que les Missions Ouvrières sont plus que des lieux de soutien, ce sont aussi des lieux de socialisation. On y aide à sortir de la solitude et de l’écrasement parce qu’on peut prendre la parole. C’est un lieu de célébration ou on y exprime la vie, les luttes, les solidarités, toute la vie dans laquelle on reconnaît Jésus Christ. Dans cette vie célébrée, c’est là qu’est Jésus Christ. »
Une soif de vivre sa foi qui est spécifique aux jeunes. « Je suis resté à la JOC parce que j’ai été accueilli à bras ouverts ». Les jeunes ont leurs codes. Ici, ils ont soif d’expression et d’actions faites ensemble « A la JOC tout ce qui est entre les rencontres est important ». « On se serre les coudes car les galères des uns peuvent si vite atteindre les autres ». Ainsi, dans un monde d’immédiateté il y a construction de liens interpersonnels dans la durée et souvent attitude évangélique comme ciment de construction de la foi de chacun.
Marcellin : « Les discriminations concernant le logement quand on est noir ou de la diversité sont permanentes. Il faut payer 550 € par mois en chambre d’hôtel avec interdiction de faire les repas. J’ai visité beaucoup de logements locatifs. Ils ne rappellent jamais. C’est grâce à la JOC et à un copain que j’ai pu louer un studio et apprendre le français. Je me suis progressivement intégré grâce à la JOC ».
Pour lire l'apport complet du CDMO, cliquer ici : Temoignage_CDMO_Trio